Dans les ruelles de Yébou Béri, une des zones couvrant Zongo Zénon, non loin de la mosquée centrale implantée en plein cœur du marché Azrèké, cette histoire se raconte encore de bouche à oreilles à Parakou.
Je devais probablement avoir entre 9 et 10 ans, l'école Baouèra la plus grande école de ce quartier populeux jouxtant aussi bien le cimetière de Parakou que l'abattoir offrait sa grande cour pour nos différents jeux. Un événement mettait en ébullition tout le quartier. C'était pratiquement impossible pour un gamin ayant fait cette école de rater les matchs entre Yébou beri et Yara kinin deux quartiers rivaux. La rivalité était si forte que si l'une des deux équipes perdait avec une décision arbitrale mal analysée, les bagarres s'enchaînèrent aussitôt. C'est en effet lors de l'un de ces matchs que nous suivions avec les arrêts spectaculaires de Djiman Gambari ( excellent gardien des buffles, frère aîné de Hiskil joueur plus tard de l'équipe nationale) que les cris fusèrent de l'autre côté de la clôture. En cette période, seule la devanture de l'école avait un pan de mur comme clôture.
Tout le monde cherchait à connaître la raison de cette soudaine saignée de foule.
Par petits groupes, les jeunes gens qui ne laisseraient pour rien au monde un match entre ces deux équipes, vidaient pourtant peu à peu les abords du terrain. Cet élan de foule vers le portail qui donnait sur la grande voie qui partait de l'auto-gare (aujourd'hui dégagée) de la boulangerie Chikou jusqu'à se perdre dans le contournement du quartier Banikanni, attirait l'attention de tous. Le match continuait mais je décidai, pneu en main de suivre une des vagues de personnes. "Ils l'ont pris, elle a été attrapée la main dans le sac, ils sont toujours collés " pouvait-on entendre au loin en nous rapprochant de l'attroupement, c'est cette dernière portion de phrase qui m'intriguait. Avec mes mains frêles, j'essayais me servant de mon pneu de bousculer à gauche et à droite des personnes plus âgées que moi pour me frayer un chemin. L'idée m'est venue de ramper pour voir plus rapidement. Pouvoir suivre de plus près ce qui se passait devant, savoir la cause de rassemblement de tant de gens, ce qui a pu ravir la vedette à un match aussi suivi que le "Classico". Le pneu ne me facilitait pas l'avancée, je décidai alors de l'abandonner. J'avais de toutes les façons d'autres pneus à la maison. Bougeant rapidement comme un ver de terre, je fus tiré du sol par un monsieur de teint noir, un homme lugubre qui me souleva par les oreilles. J'avais malencontreusement marché sur ses pieds, non content de me piétiner lui aussi, il enfonça ses sales ongles dans la partie cartilagineuse de mon oreille et pressait tellement fort que j'hurlai de toutes mes forces, mais le bruit de la foule couvrait ma faible voix. Il continua a triturer mon oreille qui commença par me brûler. Par réflexe, je le mordis à la cuisse, il me lâcha. Je fuis à toute vitesse bousculant autant que je pouvais la foule compacte pour me retrouver heureusement devant. Mais tellement, je fuyais mon agresseur que je suis tombé presque sur le couple enlacé au milieu de la foule...
Mamoudou le Goliath de l'auto-gare tremblait comme une feuille à la vue de son épouse coincée sous ce Ibo
Je haletais devant une immense foule et ma surprise fut accrue quand au milieu du cercle formé par cette marée humaine, je vis deux corps entrecroisés, entrelacés, on aurait dit des siamois. Un gros pagne leur servait de couverture et laissait entrevoir leurs pieds et le haut de leur corps. Ce que plus tard, je connaîtrai sous le nom de pénis captivus, ou syndrome du pénis captif, s'opérait sous mes yeux, mais dans le cas d'espèce, nous en étions à sa version africaine, elle était provoquée.
Je me permets de faire ici ce rappel, le pénis Captivus, est un accident sexuel rare qui caractérise le fait que le sexe de l'homme reste coincé dans le vagin lors de la pénétration. Le caractère rare est à mentionner.
Mamoudou, l'homme le plus baraqué de l'auto-gare est revenu lors de l'un de ces voyages avec une nigériane, une femme de Saki. Cette dernière aurait régulièrement et en catimini des relations extra conjugales avec un Ibo, un de ses compatriotes. Plusieurs fois averti, le cocu s'est procuré un produit chez Aladji Moussa, réputé pour ses produits super efficaces. Une fois versée tout autour de son épouse au cours d'une nuit, il n'attendait que le moment propice pour arrêter un éventuel "tapeur de dos". Deux jours après, ayant feint un voyage, le voici alerté depuis l'auto-gare par les cris de ses soeurs et cousines qui ont surpris Ibochoukou, le Ibo vendeur de pièces détachées qui a loué une boutique à quelques encablures de la maison de Mamoudou.
J'étais là à côté de ce couple piégé et du mari cocu. Mamoudou versait un torrent de larmes, il pleurait comme un petit garçon qui a perdu son jouet le plus précieux.
Les sages du quartier ont supplié Mamoudou de "détacher" les amoureux piégés.
A l'auto-gare de la boulangerie, Mamoudou était craint. C'était un homme aussi barbu qu'un Talibé des montagnes de Tora bora, prêt à se faire exploser. Même si ce n'était pas son tour pour prendre le chargement des clients, le seul regard de Mamoudou faisait faire marche arrière à tout conducteur qui s'était positionné. Cet homme de près de 2 mètres regardait ces deux cousins qui ont transporté sur un brancard son épouse et le Ibo depuis sa chambre avec colère. Ceux-ci ont fait deux pas en arrière. Mamoudou a balayé la foule d'un regard, tout le monde s'est tu comme s'il eut réclamé le silence. "Tue le Ibo, et renie ta femme, brûle les deux". Les propositions de vindicte venaient depuis la foule. Une haie d'Hommes s'était formée laissant place à quatre sages du quartier qui s'étaient rapprochés du mari cocu. "Libère les", mon frère, conseilla l'un d'eux.
Ce que j'ai vu m'a paru surréaliste. Il a demandé et a obtenu le recul de la foule, il sort sa pine et d'un trait urine dans la bouche du Ibo à qui on a expliqué au préalable que c'était l'unique solution de sa délivrance.
Comme par magie les deux corps enlacés depuis des heures se sont détachés sous mes yeux. Dégoulinant de sueur, Ibouchoukou et sa dulcinée se servaient ensemble du seul pagne pour se couvrir une fois debout. L'arrivée des forces de l'ordre a fini par disperser le reste de la foule qui a conduit le mari et les deux tourtereaux au commissariat de la ville.
Aujourd'hui encore à Parakou, quartier Zongo Zénon, cette histoire fait son chemin de bouche à oreilles.
Je devais probablement avoir entre 9 et 10 ans, l'école Baouèra la plus grande école de ce quartier populeux jouxtant aussi bien le cimetière de Parakou que l'abattoir offrait sa grande cour pour nos différents jeux. Un événement mettait en ébullition tout le quartier. C'était pratiquement impossible pour un gamin ayant fait cette école de rater les matchs entre Yébou beri et Yara kinin deux quartiers rivaux. La rivalité était si forte que si l'une des deux équipes perdait avec une décision arbitrale mal analysée, les bagarres s'enchaînèrent aussitôt. C'est en effet lors de l'un de ces matchs que nous suivions avec les arrêts spectaculaires de Djiman Gambari ( excellent gardien des buffles, frère aîné de Hiskil joueur plus tard de l'équipe nationale) que les cris fusèrent de l'autre côté de la clôture. En cette période, seule la devanture de l'école avait un pan de mur comme clôture.
Tout le monde cherchait à connaître la raison de cette soudaine saignée de foule.
Par petits groupes, les jeunes gens qui ne laisseraient pour rien au monde un match entre ces deux équipes, vidaient pourtant peu à peu les abords du terrain. Cet élan de foule vers le portail qui donnait sur la grande voie qui partait de l'auto-gare (aujourd'hui dégagée) de la boulangerie Chikou jusqu'à se perdre dans le contournement du quartier Banikanni, attirait l'attention de tous. Le match continuait mais je décidai, pneu en main de suivre une des vagues de personnes. "Ils l'ont pris, elle a été attrapée la main dans le sac, ils sont toujours collés " pouvait-on entendre au loin en nous rapprochant de l'attroupement, c'est cette dernière portion de phrase qui m'intriguait. Avec mes mains frêles, j'essayais me servant de mon pneu de bousculer à gauche et à droite des personnes plus âgées que moi pour me frayer un chemin. L'idée m'est venue de ramper pour voir plus rapidement. Pouvoir suivre de plus près ce qui se passait devant, savoir la cause de rassemblement de tant de gens, ce qui a pu ravir la vedette à un match aussi suivi que le "Classico". Le pneu ne me facilitait pas l'avancée, je décidai alors de l'abandonner. J'avais de toutes les façons d'autres pneus à la maison. Bougeant rapidement comme un ver de terre, je fus tiré du sol par un monsieur de teint noir, un homme lugubre qui me souleva par les oreilles. J'avais malencontreusement marché sur ses pieds, non content de me piétiner lui aussi, il enfonça ses sales ongles dans la partie cartilagineuse de mon oreille et pressait tellement fort que j'hurlai de toutes mes forces, mais le bruit de la foule couvrait ma faible voix. Il continua a triturer mon oreille qui commença par me brûler. Par réflexe, je le mordis à la cuisse, il me lâcha. Je fuis à toute vitesse bousculant autant que je pouvais la foule compacte pour me retrouver heureusement devant. Mais tellement, je fuyais mon agresseur que je suis tombé presque sur le couple enlacé au milieu de la foule...
Mamoudou le Goliath de l'auto-gare tremblait comme une feuille à la vue de son épouse coincée sous ce Ibo
Je haletais devant une immense foule et ma surprise fut accrue quand au milieu du cercle formé par cette marée humaine, je vis deux corps entrecroisés, entrelacés, on aurait dit des siamois. Un gros pagne leur servait de couverture et laissait entrevoir leurs pieds et le haut de leur corps. Ce que plus tard, je connaîtrai sous le nom de pénis captivus, ou syndrome du pénis captif, s'opérait sous mes yeux, mais dans le cas d'espèce, nous en étions à sa version africaine, elle était provoquée.
Je me permets de faire ici ce rappel, le pénis Captivus, est un accident sexuel rare qui caractérise le fait que le sexe de l'homme reste coincé dans le vagin lors de la pénétration. Le caractère rare est à mentionner.
Mamoudou, l'homme le plus baraqué de l'auto-gare est revenu lors de l'un de ces voyages avec une nigériane, une femme de Saki. Cette dernière aurait régulièrement et en catimini des relations extra conjugales avec un Ibo, un de ses compatriotes. Plusieurs fois averti, le cocu s'est procuré un produit chez Aladji Moussa, réputé pour ses produits super efficaces. Une fois versée tout autour de son épouse au cours d'une nuit, il n'attendait que le moment propice pour arrêter un éventuel "tapeur de dos". Deux jours après, ayant feint un voyage, le voici alerté depuis l'auto-gare par les cris de ses soeurs et cousines qui ont surpris Ibochoukou, le Ibo vendeur de pièces détachées qui a loué une boutique à quelques encablures de la maison de Mamoudou.
J'étais là à côté de ce couple piégé et du mari cocu. Mamoudou versait un torrent de larmes, il pleurait comme un petit garçon qui a perdu son jouet le plus précieux.
Les sages du quartier ont supplié Mamoudou de "détacher" les amoureux piégés.
A l'auto-gare de la boulangerie, Mamoudou était craint. C'était un homme aussi barbu qu'un Talibé des montagnes de Tora bora, prêt à se faire exploser. Même si ce n'était pas son tour pour prendre le chargement des clients, le seul regard de Mamoudou faisait faire marche arrière à tout conducteur qui s'était positionné. Cet homme de près de 2 mètres regardait ces deux cousins qui ont transporté sur un brancard son épouse et le Ibo depuis sa chambre avec colère. Ceux-ci ont fait deux pas en arrière. Mamoudou a balayé la foule d'un regard, tout le monde s'est tu comme s'il eut réclamé le silence. "Tue le Ibo, et renie ta femme, brûle les deux". Les propositions de vindicte venaient depuis la foule. Une haie d'Hommes s'était formée laissant place à quatre sages du quartier qui s'étaient rapprochés du mari cocu. "Libère les", mon frère, conseilla l'un d'eux.
Ce que j'ai vu m'a paru surréaliste. Il a demandé et a obtenu le recul de la foule, il sort sa pine et d'un trait urine dans la bouche du Ibo à qui on a expliqué au préalable que c'était l'unique solution de sa délivrance.
Comme par magie les deux corps enlacés depuis des heures se sont détachés sous mes yeux. Dégoulinant de sueur, Ibouchoukou et sa dulcinée se servaient ensemble du seul pagne pour se couvrir une fois debout. L'arrivée des forces de l'ordre a fini par disperser le reste de la foule qui a conduit le mari et les deux tourtereaux au commissariat de la ville.
Aujourd'hui encore à Parakou, quartier Zongo Zénon, cette histoire fait son chemin de bouche à oreilles.
Arnaud AMOUSSOU, Votre humble serviteur
Mon frère tu es formidable avec une facilité légendaire à raconter tes histoires, tu forces l'admiration et j'attend la troisième histoire
RépondreSupprimerGildas Zounon
RépondreSupprimerMon tonton! Beau récit
RépondreSupprimerL'Afrique et ses mystères...Très édifiant en tout cas.
RépondreSupprimerÉdifiant... Très belle plumes mon grand courage !
RépondreSupprimerPardon mon frère. Je cherche les contacts de Aladji MOUSSA STP
RépondreSupprimerTres bonne narration, édifiant récit, félicitation à toi .
RépondreSupprimerComme une bonne fiole du pape, ton texte se laisse boire faisant voyager mes papilles dans les ruelles de Parakou.
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