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Mosquée de Zongo Zénon |
Une enfance aux côtés d'un certain Rachidi Gbadamassi
J'ai longtemps hésité avant de vous narrer cette histoire puisque je l'avoue, je n'ai pas eu l'accord de mon frère Gbadamassi avant d'entamer ce périple.
Je me permets donc de me jeter à l'eau tout en vous embarquant à bord de cette ferry qui j'espère ne coulera pas avant destination.
Mes années d'enfance
La petite mosquée en face de notre maison aura été tout le symbole de cette enfance. À quatre heures du matin, le muezzin dont la voix a fini par m'être familier psalmodiait chaque matin quelques versets du coran, avant de lancer son Allah Akbar, on eut dit que l'entonnoir était collé contre le pavillon de mes oreilles tellement cela résonnait. Mais j'ai fini par m'y habituer.
Mon père nous avait quittés en 1983. J'étais encore très jeune.
La ville de Parakou en ces années 80 était une métropole. Les rues n'étaient pas si bien tracées comme aujourd'hui, mais elles avaient du charme. Par une belle matinée du vendredi, Madame da Costa, une des sage-femmes les plus respectées de la ville, celle qui avait l'habitude de prêter main forte à ma mère pour qu'elle accouche, l'aida pour la dernière fois à faire venir son benjamin au monde. Moi.
Ma mère vint à Parakou à l'âge de 4 ans. Amenée par sa mère qui a rejoint son frère, mon oncle Antoine Soglo. La maison Soglo (aujourd'hui vendue ) était l'une des plus grandes du quartier Zongo Zénon. Elle fut envahie lors des échauffourées de 1991 à côté la famille Gankpon, les Gbèdo était sur l'aile Est, avant de traverser pour nous rejoindre vers le sud, il y avait les Bada et les Sètondji, le père de Oswald (paix à son âme).
En face de la maison et jouxtant la mosquée, la maison du roi des Yoroubas à Parakou qui est le père de Rachidi Gbadamassi.
Leur maison porte le nom Yorouba Kpé fou qui veut dire la maison du roi des Yoroubas. Ils sont de Saki au Nigeria.
Dans cette grande ville, nous retrouverons les familles Toko à trois pattées de maison de chez nous, en allant vers l'abattoir. Juste derrière notre maison celle des Batoko, un peu plus loin vers Kobè, le quartier le plus populeux de la ville toujours sur la voie qui mène au grand hôpital, la famille ADAMBI.
Je tenais à faire ce rappel pour montrer que les trois maires de Parakou qui se sont presque succédés ont vécu dans le même rayon.
J'ai, par contre, fait la classe avec le plus jeune maire Allassane Souradjou, je fus son responsable de classe à l'école Baouèra...
Nous avons fait du CI ( cours d'initiation) au CE1 (cours élémentaire première année).
Au marché "En commun" ancien nom du marché Arzèkè, les bouchers étaient ceux qui vous accueillaient à l'entrée. De façon éparse, il y avait quelques étalages dont celui qu'on ne saurait rater:l'étalage de ma mère "Célinanon" qui surplombait de loin tous les autres hangars.
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La passerelle en Face du Marché Arzèkè |
Ma mère, présidente des femmes du marché "en commun"
Ma mère est restée longtemps présidente des femmes du marché "en commun" ( ancien nom du marché Arzèkè) de Parakou est une descendante du roi Ghézo, roi du royaume d'Abomey pendant la période précoloniale. Elle avait tout d'une amazone: belle, grande, elle était surtout une grande comédienne. Incroyable polyglotte, elle parlait plusieurs langues locales dont le fon, le dendi, le bariba, le Yorouba, le mina et un peu du français. Elle était illettrée comme mon père mais comprenait tout ou presque quand on parlait français. Nous étions 6 dans la fratrie.
Mais ma maman avait besoin d'aide pour l'étalage, la vente et le remballement des marchandises le soir. Nous avions donc à chaque fois au moins 10 domestiques en plus de louer les bras des portefaix des auto-gares pour nous faire avancer les "pousse-pousse". Nous en avions cinq toujours bien chargés. Ma mère avait deux grandes boutiques non loin du marché et avait pris une des quatre chambres de la maison pour en faire un magasin.
Nous étions donc les enfants de la " riche commerçante " du quartier. Mais malgré tous les ouvriers, notre mère nous réveillait tous à quatre heures du matin. Moi, je ne faisais pas grand chose, mais après le premier tour, je restais pour surveiller les bagages afin que les autres fassent le reste des allers-retours. Nous rentrons à la maison tous les soirs très fatigués vers 20 heures et parfois à 21 heures. La plupart du temps en tenue Kaki. On n'avait pas le temps d'aller nous changer à la maison. Après les cours, nous venions directement au marché.
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La maison familiale de Rachidi Gbadamassi |
Rachidi Gbadamassi, ce teigneux
J'ai trois frères aînés et deux soeurs. L'un de mes frères était le meilleur ami du fils du roi des Yoroubas, Rachidi. Trapu, noir de teint, bagarreur, Rachidi se distingue cependant par le travail. Notre maison était juste en face des leurs. Du matin au soir, il était en compagnie de mes frères, surtout l'aîné ( Fofo Daho). Il se levait tôt pour venir ramasser les bagages avec nous et nous aidait à vite faire avancer les pousse-pousse. Notre mère l'admirait particulièrement pour son dynamisme. Il ne rechignait pas au travail, proposait toujours des solutions pour mieux finir le ramassage des cartons et autres sacs de Maïs ou de Soja. Mais Rach, comme l'appelait Fofo Daho, avait un défaut, ce sera peut-être plus tard une de ces nombreuses qualités. Il était ambitieux, très ambitieux. Bien que venant de la maison du roi des Yoroubas de Parakou, Rach dut abandonner très tôt les cours après le décès de son père. Il trouva refuge chez nous à la maison. Au moins chez Celinanon, il y avait toujours à manger. Non content de manger les repas de la veille que la vieille préparait en quantité, mes frères et lui chipaient des boîtes de sardines ou de Pilchard qu'ils déversaient au milieu des pains grossièrement éventrés avec la main. De la terrasse, je les observais chaque jour avec mes yeux d'enfant.
Mais ils ne s'arrêtaient pas là, ils me faisaient appeler leur copine du quartier. Et le ballet des filles ne s'arrêtaient que lorsque l'heure d'aller remballer les bagages au marché approchait.
Rach avait de gros yeux en matière de femmes, pour ne pas dire qu'il était des plus férus de femmes. Il les voulait très belles et surtout venant des familles aisées et il y arrivait.
Un jour, il me dit de l'accompagner vers l'école "Montagne" située sur une pente. Il désigna une maison et me dit: "tu vois Nono, rentre et tu demandes d'après Sophie". Si je me souviens de cette visite parmi tant d'autres, c'est qu'une fois arrivé dans la maison, je n'eus la vie sauve que grâce à la providence, la maman de Sophie avait sifflé les gros clébards qui, crocs dehors, étaient prêts à me mordre. J'eus la peur de ma vie.
Rach avait souvent des soucis avec sa soeur Rissi, des soucis d'argent. Mais c'était sa soeur, on n'y pouvait rien.
Le brave garçon finit par triompher de tout
Rach était un homme qui aura vaincu la fatalité, sa devise: viser toujours plus haut. Une de ses phrases qu'il finit par réaliser, il nous l'a dit à mon frère Hervé et moi en ces termes : un jour, je serai riche, je reviendrai ici et je partagerai l'argent comme ça... Il animait alors son propos du geste d'un homme assis qui partagera l'argent par dessus ses épaules par derrière. Gbadamassi l'avait dit et fait. Bien des années plus tard, quand nous sortâmes de notre maison, mon frère et moi, parce qu'il y avait une cérémonie en face au domicile des Gbadamassi, il faisait exactement le geste et quand il nous vit, il déposa les billets appuyant de ses annulaires la lisière des yeux sous la paupière du bas, pour mieux les écarter. Comme pour nous dire. Je l'ai fait.
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La mosquée Centrale de Parakou |
Ma rencontre avec le fantôme du marché
La nuit où les lucioles projetaient leur lumière dans le ciel comme des étoiles vertes allumées, de larges nattes étaient étalées dans le salon qui servait de couchettes à la dizaine de jeunes filles domestiques de maman. Malgré la fatigue de la journée, mes cousins rampaient la nuit pour se faufiler sous les pagnes des domestiques. Je les surpris une nuit dans des états lubriques en voulant uriner. Et depuis cette nuit, je devins "voyeur".
Il ne se passait de nuit sans que je ne restasse en éveil pour voir ce pagne dans la pénombre aller en l'air et revenir à sa place, c'était le mouvement du "va et vient". La cognée des hanches devenait plus accélérée et de petits gémissements sortaient du dessous des pagnes. Et de l'une à l'autre, elles y passaient toutes. Il était rare que nos domestiques, la plupart des Kotokolis ou Kabyè, fuguent, il y avait toujours à manger et le soir, elles étaient sexuellement satisfaites.
Moi benjamin, les yeux lourds de sommeil, après mes nuits de spectacles, je devrais cependant me lever et aller surveiller l'étalage.
Selon la rumeur, l'ancien marché de Parakou "en commun" aujourd'hui Arzèkè était un cimetière.
Cette légende urbaine me donnait chaque fois des frissons lorsque mes frères et Rach, les domestiques et autres gros bras venaient déposer les premiers bagages, me laissant comme consigne " Maman a dit de bien surveiller les effets et de ne surtout pas dormir hein".
Peine perdue, je ronflais aussitôt après leur départ. C'est en effet un de ces matins où je ne dormais pas que je vis venir à moi un homme en boubou blanc, il se déplaçait vers moi comme si ses pieds ne touchaient pas le sol. J'avais tellement peur que mes dents claquaient. Il a tourné autour de moi avec une distance de près de deux mètres, je le suivai des yeux. Aussitôt, mon frère Hervé me tapota l'épaule et je sursautai. Ma première phrase fut :
- Tu l'as vu? tu as vu le monsieur en blanc?
Mes mains étaient moites. Je grelottais. Hervé n'avait jamais peur. Il partit d'un grand rire. Il aimait rire à la façon des méchants des films hindous que nous suivions à côté de la salle de conférence de la mairie en face de la plus grande auto-gare quand nous dérobions des sous dans le bol à pièces de maman. Il aimait s'appeler "Ashanti, le méchant", et a fini par imiter le rire du tyran.
C'est ce frère moqueur que j'avais. Il dit :
- Mais je ne vois rien, les fantômes n'existent pas.
C'est lorsque je me suis évanoui qu'il comprit que j'avais vraiment eu peur. Je me suis réveillé dans une clinique non loin du marché avec ma maman à mon chevet. "Je ne te laisserai plus dans ce marché seul mon chéri", elle me baisa le front.
Ma maman, grande commerçante, ne manquait pas d'ennemis. Un jour, un serpent aperçu au milieu des bagages, poursuivi et arrêté, s'est transformé en un ruban lorsqu'un peuhl a voulu se saisir de lui. Des chats morts, des décoctions, des jarres, des chiens étaient régulièrement ramassés chaque matin. Ma mère catholique fervente du vivant de mon père régulièrement mariée à l'Église Saint Pierre et Saint Paul a fini par également se protéger à l'Africaine. Nous buvions souvent des décoctions, des tisanes et des scarifications entaillaient ma peau d'enfant. Un seul enfant refusait tout ceci, jamais il ne s'est fait couper. C'était Fofo Kpèvi. Aujourd'hui à la médiature de la République.
Un événement viendra bouleverser totalement notre quotidien, les élections du 24 Mars 1991
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Eglise Saint Pierre et Saint Paul de Parakou |
J'étais le seul élève originaire du sud à répondre présent dans la classe aux lendemains des élections du 21 Mars 1991
C'est avec un sentiment douloureux que je pianote sur mon clavier pour vous narrer une partie triste de mon adolescence. Des amis, j'en ai perdu, ils sont nombreux que je ne verrai plus jamais, même si grâce à Facebook, j'ai pu retrouver certains.
Sur près d'une soixantaine élèves, nous restions à peine une vingtaine, ils étaient tous partis, qui par le train laissé gratuitement à la disposition de ceux qui voulaient partir de la ville de Parakou et environs, d'autres par des camions, même sur des motos, l'essentiel était de quitter la ville.
Même le maître a pris la poudre d'escampette, un certain Gbaduidi.
Aux nombreuses questions que nous nous posions sur l'absence du maître, c'est Idrissou, un garçon belliqueux de la classe qui nous donnera des réponses.
" J'ai vu mon père et quelques personnes taper notre maître "
En fait, le maître Gbaguidi aurait voté pour le candidat Soglo et à la question de savoir pour qui il a voté, il aurait avalé le bulletin qu'il était censé déposé dans le panier.
Dans le rang, la plupart des votants surexcités et du nord l'ont alors pris en chasse, il fut rattrapé, molesté devant son élève, le dernier à lui asséner des coups sur son crâne luisant fut le père de Idrissou, qui lui gardait dents pour toutes les fois qu'il avait tapé et renvoyé son fils.
En fait cet événement de Mars 1991 fut pour moi beaucoup plus un règlement de compte entre individus.
La maison la plus visée à Zongo Zénon était celle des " Soglo", ma maison familiale.
Ma mère a construit à deux ruelles de là.
Des jets de pierre furent lancés toute la journée sur les toits de la maison Soglo. Notre maison a été épargnée, l'une des rares maisons a être protégée.
Au portail, ma mère avait pris soin de placarder une grande affiche du candidat Kérékou. Mais ce n'était pas la seule raison pour laquelle nous étions épargnés. Les oeuvres caritatives de ma mère dans le quartier étaient connues de tous, elle était considérée comme une fille du terroir. Ce sont eux-mêmes les " casseurs" qui vinrent monter la garde chez nous.
C'est alors que le flot de personnes a envahi notre maison. Tous les enfants Soglo, leurs parents, les amis fon du quartier, la cour grouillait de monde. Si ma mémoire est bonne, nous avoisinerions plus de 150 personnes. Ma maman ordonna qu'on achète des nattes et qu'on prépare à tout ce beau monde. Ah Célinanon.
Le plan machiavélique concocté par L...et M...pour mieux chicoter les fons
Vous me permettrez de ne pas citer de noms, mais ceux qui ont fait Parakou en son temps savent certainement à qui nous avons affaire.
Je prie chaque fois qu'une élection approche que nous ne retombions dans les sombres événements de Parakou et de Natitingou de Mars 1991. Certains sudistes, qui incitent à la violence, n'ont jamais connu la vraie violence, de simples ouvriers boulangers balancés du haut de l'immeuble Chikou parce qu'ils étaient juste originaires du Sud, ne sachant même pas qui étaient vraiment les candidats en lice. Des dames violées, des enseignants fléchés.
Je m'en vais vous raconter la scène de l'Église Saint Pierre et Saint Paul situé au quartier Kpébié.
Un homme est entré dans l'Église, ceux qui étaient dans ce lieu de culte s'en souviennent encore et racontent cette scène avec toujours cette peur qu'on peut lire dans leurs yeux.
Il a demandé à prendre le micro en pleine messe. (gardons son initial L.) Son entrée fut précédée de jets de pierres de la rue en face jusqu'à l'intérieur de l'Église.
Il rassura les uns et les autres que tout se passera bien et que d'ailleurs des camions sont disposés dehors pour ramener ceux qui le désirent chez eux sans couac
Ce fut le piège. Les piégés se sont retrouvés au stade municipal de la ville, les hommes ont été sérieusement rossés et certaines jeunes filles violées.
Je me sens plus Parakois que Ouidanien, mais je crains, et je le répète chaque fois, que si l'on n'y prend garde, l'événement de Parakou se reproduirait un jour. Les germes sont encore là latents, prêts à surgir de leur gîte un jour.
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L'entrée de notre maison à Parakou |
Quand ma maman fut dupée par un faux charlatan fabriquant de sous.
J'aurais bien eu envie d'éluder ce chapitre, ne pas en parler, pour garder sauf l'honneur de la famille, mais j'ose en parler pour que plus jamais personne ne pense qu'un mortel comme lui ne fabrique de l'argent ou en possède les mécanismes chimiques pour en faire venir des banques.
Aujourd'hui encore la disparation subite de la fortune, fut-elle petite de Célinanon, étonne encore les usagers et habitants du quartier Zongo Zénon.
Ma maman, je vous l'ai souligné plus haut, est une femme de grande taille, belle. Très tôt, elle a perdu son époux. Les nombreux conflits que ma maman avait avec ses débiteurs la conduisait souvent au commissariat de la ville. C'est là qu'un des inspecteurs qui sera plus tard le mari de ma mère a réussi à profiter d'elle. Une femme aussi belle et riche et lui inspecteur et également dans le transport. Ce monsieur sera le premier à pousser ma maman à la ruine. En fait, il lui restait quelques mois pour sa retraite. Une fois débarrassé de toutes obligations, il s'est consacré à ses camions.
Pour toutes les pièces gâtées, tous les problèmes survenus sur la route, il avait sa façon d'extorquer les fonds à la pauvre dame. Jouer au soucieux, une fois la question posée, il répondait "ce sont les camions qui sont au garage qui me donnent l'insomnie", ah, ma mère, naïvement remettait autant qu'elle pouvait les sous pour apaiser le coeur de son nouveau mari.
Une petite parenthèse pour prévenir toutes ces dames qui se laissent emporter par les paroles mielleuses des amants qui, au fond, sont là pour vider leurs poches. Femme!!! Prépare l'avenir de tes enfants, rien que tes enfants, ne te tue pas au marché dans ton commerce, au bureau pour un amant, jamais!!!
Malgré cette technique bien trouvée pour siphonner le butin que nous les enfants avions constitué, la dame tenait bon. Le coup de grâce viendra de l'intérieur, ma soeur aînée viendra avec un homme aussi noir que du charbon, un soir. J'étais assis à côté de ma maman. J'entends encore en boucle cette phrase dans ma tête.
"Maman, commença-t-elle, cet homme sait faire de l'argent !"
Je me suis redressé et sans hésiter, j'ai demandé comment ça ? J'étais en 6 ème mais très mâture pour un garçon de cette classe.
Les petites visites du monsieur étaient fréquentes.
Quelques semaines après, en rentrant dans sa chambre, j'ai vu ma mère qui sanglotait sourdement. Elle faisait face au mur, donc me faisait dos, les spasmes qui faisaient frémir tout son corps prouvent qu'elle pleurait depuis longtemps. J'étais pratiquement le seul à avoir accès à la chambre de ma mère sans aucune crainte de celle-ci. J'ai appelé ma maman. Elle se refusait de se retourner, rarement j'ai vu les larmes de ma mère.
Quand elle s'est résolue à me faire face, j'ai vu ses yeux qui étaient aussi rouges que les piments de la région d'Agbangnizoun.
"Mon fils, ils m'ont tué, Odjoubélémilou est parti avec mes millions"
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L'arrestation manquée de Odjougbélémilou et le départ précipité de ma maman de Parakou
J'ai suggéré à ma maman de porter plainte, entre temps, ma soeur ayant vu que l'affaire avait foiré a quitté la maison, mais était chez une amie dans le quartier. Les domestiques étaient parties, il restait à peine deux, Mariam et Baké, les plus fidèles des fidèles, elles ne recevaient plus leur paie, mais avaient décidé de rester, certainement aussi à cause des services nocturnes rendus par mes cousins.
Par un matin d'harmattan, ma mère et moi avions pénétré dans l'enceinte du commissariat, jusque là, elle se refusait toujours de porter plainte. Je lui ai tiré la main et l'ai obligé à avancer. Elle avait honte d'elle, elle s'essuyat avec le bout de son pagne deux filets de larmes venaient mourir sur ses joues.
Une fois le problème posé, les policiers nous ont dit que nous n'étions pas les seuls à être victime du fameux charlatan et qu'il y avait déjà une plainte à son encontre. Ils ont promis le ramener après l'indication faite de sa maison par ma mère.
A peine 45 minutes après, les policiers étaient de retour, aucune trace de Odjoubélémilou, il se serait volatilisé. Je préfère taire le nombre de millions qu'il a réussi à extorquer à ma mère.
Aujourd'hui encore, je me demande comment une dame aussi avertie ai été simplement bernée de la sorte. Ma maman resta en froid quelques semaines avec ma soeur, puis l'excusa. Mais le plus dur allait commencer.
Ma maman a dû quitter précipitamment Parakou à cause des créanciers.
Et oui, elle a contracté certaines dettes pour donner la somme exigée au marabout.
Ma maman a réussi à se remettre un peu d'appoint sur la bande des deux cents mètres au Port German-co. Nous faisions partie des tout- premiers à nous installer dans cette allée qui sera l'une des plus bruyante de Cotonou. (Une autre histoire à vous raconter)
Mais malheureusement, elle nous a quittés en Novembre 2012.
Arnaud AMOUSSOU, Votre humble serviteur